Quand l'IA apprend sur le dos de l'humanité.
On nous l'a vendue comme la prochaine révolution, le sauveur de nos vies monotones, le garant d'un futur radieux. L'Intelligence Artificielle, mes chers amis, est partout. Des "starter kits" qui vous promettent de transformer votre entreprise en licorne en trois clics, aux assistants vocaux qui vous rappellent d'acheter du lait (parce que vous êtes incapable de vous en souvenir seul, apparemment). La création de valeur est le mantra, le Saint Graal de cette nouvelle ère numérique. Mais quelle valeur, au juste ? Et pour qui, surtout ?
Parlons peu, parlons bien. Derrière les algorithmes complexes et les interfaces léchées, il y a des montagnes de données. Des données qu'il faut trier, étiqueter, labelliser. Un travail fastidieux, répétitif, et souvent, disons-le, traumatisant. Qui s'en charge, de cette basse besogne ? Pas les ingénieurs bien payés de la Silicon Valley, ça, c'est une certitude. Non, ce sont des petites mains, souvent dans des pays qui ont déjà payé un lourd tribut à l'histoire. Des nations qui, après avoir subi l'esclavage et diverses formes de soumission coloniale, se retrouvent aujourd'hui à la merci d'une nouvelle forme de servitude numérique.
Imaginez un instant : des êtres humains, contraints de visionner des images d'une violence inouïe, des scènes de torture, de meurtre, de pédopornographie, pour que nos chers modèles de langage (LLM) apprennent à distinguer un chat d'un chien, ou à rédiger un e-mail commercial. C'est le revers de la médaille, le coût humain de cette avancée technologique que l'on nous présente comme inéluctable. Un coût social, sociétal, et même environnemental (parce que faire tourner ces monstres énergivores, ça laisse des traces, croyez-moi).
Et tout ça, pour quoi ? Pour des chatbots qui répondent à côté, des algorithmes de recommandation qui vous proposent toujours la même chose, et des "innovations" qui ne servent qu'à augmenter les profits de quelques-uns. On nous parle d'éthique de l'IA, de régulation, de garde-fous. Mais pendant ce temps, la machine tourne, alimentée par la souffrance silencieuse de ceux qui sont relégués aux tâches les plus ingrates.
Le monde d'après, version IA, semble être une version améliorée du monde d'avant, avec les mêmes inégalités, les mêmes exploitations, mais avec un vernis technologique en plus. C'est ça, le progrès ? On a le droit d'en douter, non ?