Pas de changement dans le déni
"Il fait chaud, c'est normal, c'est l'été."
Voilà. Voilà la phrase qui résume l'intégralité de la pensée complexe de la frange la plus bruyante de notre société. La même qui, quand elle a un coup de soleil, explique que c'est de la faute de la crème solaire. La même qui, quand elle se prend une amende, s'en prend au "racket" du gouvernement. Bref, la fine fleur de l'intelligence.
C'est sûr qu'il fait chaud. C'est le principe de l'été, on ne va pas leur enlever ça. Mais de là à faire semblant de ne pas comprendre que les canicules à répétition, les records de chaleur pulvérisés chaque année, les alertes orange qui virent au rouge cramoisi, ce n'est pas "normal", c'est une autre paire de manches. On nous prend pour des cons, ou quoi ?
Le plus drôle, c'est quand ils se mettent à menacer les météorologues. Ces gens qui, justement, font leur boulot pour nous informer et nous prévenir. Comme si le thermomètre avait une quelconque responsabilité dans la situation. Comme si le messager était coupable du message. C'est l'hôpital qui se fout de la charité, mais puissance 1000. Ils devraient plutôt menacer leur propre ignorance, leur refus de voir la réalité en face.
Et c'est là que ça devient fascinant. Ce ne sont pas des gens qui souffrent de la chaleur, calfeutrés derrière leur clim' qui tourne à plein régime, enchaînant les glaçons et les commentaires acerbes. Non, leur truc, c'est d'aller sciemment se battre sur la place publique. De dépenser une énergie folle à hurler au complot, à brandir l'étendard des "écolos bobos" ou, pire, des "Khmers verts". C'est un engagement total, un effort de chaque instant, pour quoi ? Pour rien. Leurs habitudes de vie ne sont même pas menacées, mais ils défendent une idéologie du déni comme s'il s'agissait de la dernière parcelle de liberté. L'histoire se répète, et ça ne s'arrête pas aux "boomers", malheureusement. La bêtise, comme la chaleur, est générationnelle. Elle touche tout le monde, même les trentenaires, et c'est peut-être ça le plus inquiétant.
Alors, pour ceux qui n'auraient pas encore compris : oui, il fait chaud, et c'est l'été. Mais non, des étés comme ça, ce n'est pas normal. C'est dangereux. C'est le signe qu'on est en train de se prendre le mur, et que les petits malins qui font semblant de ne rien voir seront les premiers à se plaindre du crash.